Un radiateur défaillant en plein bail n’a rien à voir, juridiquement, avec un équipement déjà hors d’âge lors de l’état des lieux d’entrée. Entre entretien de routine et réparations majeures, la frontière n’est pas toujours nette. Résultat : les responsabilités se croisent, les tensions aussi, entre propriétaire et locataire.
À rebours des idées reçues, la facture du remplacement ne tombe pas systématiquement sur l’occupant. Certaines décisions de justice viennent même préciser qui doit payer, surtout dès lors que sécurité ou conformité du logement sont en jeu. Tout dépend, au fond, de la cause du dysfonctionnement et de l’âge du matériel.
Comprendre les obligations du propriétaire et du locataire en matière de chauffage
En France, la loi trace une limite nette en matière de responsabilités entre propriétaire bailleur et locataire autour du système de chauffage d’un logement en location. Le bailleur doit livrer un logement décent, avec un chauffage qui fonctionne. Sans dispositif de chauffage opérationnel, le minimum légal de 18°C dans les pièces principales ne serait déjà plus respecté. Donner accès à un habitat qui tient chaud, c’est encore l’une des bases en matière de location.
Le propriétaire reste responsable du matériel en bon état : radiateurs, chaudière, toute l’installation lourde. Dès que la panne provient de la vieillesse de l’équipement ou d’une défaillance mécanique, c’est à lui de réparer ou de remplacer. La jurisprudence est claire : le locataire assure l’entretien basique comme la purge ou le dépoussiérage, mais ne finance pas un renouvellement complet quand l’appareil est hors service et irréparable. Le coût du remplacement revient systématiquement au propriétaire.
Chaque partie doit respecter son champ d’action : les gros travaux et la conformité, c’est pour le bailleur ; l’entretien courant, pour le locataire. Outre ce partage, le propriétaire garde la charge de la performance énergétique du logement, dans la logique des réglementations actuelles sur les économies d’énergie.
Si les radiateurs ne permettent plus un vrai confort ou si la décence locative vacille, le locataire a voix au chapitre pour demander la remise en état. En cas de silence ou de refus du bailleur, il existe des relais : négociation, démarches auprès des instances compétentes.
Changement de radiateurs : dans quels cas le propriétaire doit-il intervenir ?
Quand la question du remplacement de radiateurs se pose, la règle ne vacille pas : pour des radiateurs électriques comme pour ceux à eau, si l’équipement vieillit mal ou tombe souvent en panne, la réparation ou le remplacement est à la charge du propriétaire. Vétusté rime ici avec appareils qui ne chauffent plus ou qui accumulent les dysfonctionnements. Pas d’ambiguïté : dans ce contexte, le locataire n’a pas à régler la note.
Par exemple, un radiateur électrique peut fonctionner entre 10 et 20 ans, selon sa qualité et son usage. Une fois que la chaleur ne suit plus ou que les soucis techniques deviennent chroniques, c’est clairement un signe que le bailleur doit investir dans un appareil neuf. Même logique pour les radiateurs à eau, qu’ils soient reliés à une chaudière collective ou individuelle.
Certains travaux de rénovation énergétique relèvent aussi de la feuille de route du propriétaire, notamment si la loi évolue ou qu’une transition du parc locatif vers de meilleurs équipements s’impose. Le remplacement pour améliorer les performances thermiques peut ouvrir droit à des aides financières et reste normalement une décision du bailleur, afin d’assurer un chauffage qui tient la route face aux exigences actuelles.
Le locataire peut-il exiger le remplacement des radiateurs ?
Quand le confort thermique s’effondre, le locataire garde la possibilité de demander le changement des radiateurs, tout dépend du motif. En cas de panne sérieuse, de vétusté avancée ou de risque constaté pour la sécurité, la responsabilité du propriétaire est engagée. Offrir un chauffage efficace et sûr, c’est le minimum d’un logement décent.
Il faut cependant distinguer entretien courant et remplacement intégral. Si une purge ou un nettoyage suffit, c’est au locataire d’agir. Mais en phase de panne grave ou d’âge avancé, seul le bailleur peut, et doit, renouveler l’appareil. Attention : une demande un peu vague ou qui relève simplement de l’entretien risque d’être rejetée.
Face à un souci réel, la démarche idéale : décrire précisément le problème dans une lettre recommandée, en détaillant l’état du radiateur ou la nature de la panne. Voici les pistes à explorer quand la situation se fige :
- Recourir à la commission départementale de conciliation pour tenter une médiation en direct
- Solliciter l’ADIL pour un avis juridique neutre et éclairant
- Saisir le tribunal d’instance si la solution à l’amiable ne mène à rien
En cas de radiateurs hors d’usage, le locataire n’a rien à débourser. Mieux vaut conserver preuves et échanges, photos et lettres, pour garder trace du dossier le cas échéant.
Que faire en cas de désaccord ou de refus du propriétaire ?
Si le propriétaire fait la sourde oreille ou tarde à agir, la méthode la plus efficace consiste à formaliser la demande de réparation ou de remplacement par courrier recommandé mentionnant précisément la défaillance et rappelant le cadre réglementaire à respecter.
Si cela ne suffit pas, la commission départementale de conciliation ouvre la porte à un dialogue formel entre bailleur et locataire, avec l’aide d’un tiers pour rapprocher les positions sur la réparation ou le remplacement des radiateurs électriques. Cette solution de médiation, bien qu’amicale, peut apporter un avis pesant en cas de suite judiciaire.
Pour ne pas rester seul face au flou, l’ADIL (Agence départementale d’information sur le logement) propose conseils et aide pour clarifier les droits et devoirs. Si la situation s’enlise, direction le tribunal d’instance. Le juge, à qui il faudra présenter un dossier solide avec tous les échanges, peut alors contraindre le propriétaire à réaliser les travaux réclamés.
Au bout du compte, un logement bien chauffé ne relève ni du confort accessoire ni d’une faveur. C’est la base absolue d’une vie locative normale, et aucune saison froide ne mérite d’être traversée dans un froid imposé faute de radiateurs renouvelés.

