23 000 euros. Pas un centime de plus. Ce chiffre, taillé au cordeau, sépare le simple bailleur du loueur en meublé non professionnel (LMNP) et trace une ligne claire dans l’univers de la location meublée. Depuis 2016, l’inscription au Registre national des entreprises géré par l’INPI est devenue obligatoire pour toute activité de location meublée, même à titre non professionnel. Cette formalité, souvent négligée, conditionne la reconnaissance du statut de loueur en meublé non professionnel (LMNP) et l’accès aux régimes fiscaux avantageux qui l’accompagnent.
En cas d’omission ou de retard, l’absence d’immatriculation peut entraîner la requalification fiscale ou la perte de certains droits. Comprendre le rôle précis de l’INPI dans ce cadre permet d’éviter des erreurs coûteuses et de sécuriser sa situation de bailleur.
Le statut LMNP : à qui s’adresse-t-il et quels sont ses avantages ?
Le statut LMNP, autrement dit loueur en meublé non professionnel, s’adresse à tous ceux qui perçoivent des revenus locatifs de la location meublée, à condition de ne pas en faire leur unique gagne-pain. Deux seuils à connaître : 23 000 euros annuels ou 50 % des revenus du foyer fiscal. Dépasser l’un d’eux, et c’est le passage vers le statut professionnel.L’attrait du LMNP ne se dément pas. Deux options fiscales se présentent : le micro BIC et le régime réel LMNP. Le premier, version allégée, octroie un abattement de 50 % sur les loyers déclarés. Idéal pour démarrer ou gérer un studio. Le second, plus pointu, offre la possibilité de déduire les charges réelles (intérêts d’emprunt, travaux, charges de copropriété) et surtout d’amortir le bien.
Voici un aperçu des deux régimes fiscaux disponibles pour le LMNP :
- Micro BIC : démarches allégées, abattement fiscal automatique, parfait pour les petits logements ou les revenus modestes
- Régime réel : amortissement du bien, déduction fine des charges, optimisation fiscale sur mesure
Le régime réel devient rapidement incontournable pour qui dépasse 15 000 euros de recettes par an : la combinaison des amortissements et des dépenses réelles permet de gommer l’imposition sur les bénéfices industriels et commerciaux (BIC). Les investisseurs aguerris y voient la voie royale pour dynamiser la rentabilité de leur activité LMNP.
Pourquoi l’INPI est désormais incontournable pour les loueurs en meublé
Depuis janvier 2023, impossible d’ignorer l’INPI : il concentre désormais toutes les démarches d’enregistrement liées à une activité LMNP. Oubliez les multiples guichets, un passage unique par la plateforme de l’Institut national de la propriété industrielle est désormais la règle pour obtenir un numéro SIRET, clé indispensable pour déclarer vos revenus de location meublée.
Ce changement n’est pas anodin. Il clarifie les démarches, supprime les doublons administratifs et pose un cadre unifié pour tous, particuliers comme professionnels. Sans SIRET, impossible de déclarer un début d’activité ni d’opter pour un régime fiscal adapté, qu’il s’agisse du micro-BIC ou du régime réel.
La déclaration d’activité via l’INPI rend automatique la transmission de vos informations à tous les organismes concernés : services fiscaux, Insee, greffe du tribunal de commerce. Un seul point d’entrée, moins de risques d’erreur, et une traçabilité qui simplifie la vie du bailleur.
Ce passage par l’INPI concerne autant ceux qui débutent que les propriétaires qui évoluent (ajout d’un bien, modification du régime fiscal). Bien maîtriser cette étape, c’est s’assurer une conformité fiscale solide et une gestion des revenus locatifs sans accroc.
Quelles démarches concrètes pour déclarer son activité LMNP via l’INPI ?
Engager une déclaration d’activité LMNP sur la plateforme de l’INPI marque le vrai départ pour tout bailleur. Avant d’entamer la démarche, il faut réunir quelques informations clés : adresse du bien, type de location, date de début d’activité, usage du logement (résidence principale, meublé de tourisme, etc.). Ces éléments constituent les fondations du dossier et conditionnent l’attribution du numéro SIRET.
Le cœur de la procédure repose sur le formulaire P0i, entièrement numérique. Ce document centralise toutes les données nécessaires à l’administration : date de début d’activité, mode d’exploitation (propriétaire, mandataire, indivision), adresse du logement. Ce détail n’est pas anodin : il influence le régime fiscal applicable et la gestion des amortissements et charges déductibles.
Si gérer ces formalités semble laborieux, il est possible de mandater un tiers. Certains experts-comptables ou plateformes spécialisées, habilités en tant que partenaires EDI, prennent le relais. Leur intervention s’avère précieuse pour les patrimoines complexes ou les situations en indivision ou SCI.
Après validation, l’INPI transmet vos données à l’Insee, qui génère le SIRET. Ce numéro permet ensuite la déclaration des revenus locatifs (formulaire 2042 C PRO) et le dépôt du formulaire 1447-C-SD pour la cotisation foncière des entreprises. Rater cette étape, c’est s’exposer à des difficultés administratives, voire à des sanctions.
Ce que l’immatriculation change pour votre gestion et vos obligations au quotidien
L’attribution d’un numéro SIRET via l’INPI modifie en profondeur la gestion d’une location meublée non professionnelle. Ce sésame administratif ouvre la porte à de nouvelles obligations et à une traçabilité renforcée. Dès l’immatriculation, la cotisation foncière des entreprises (CFE) devient une réalité. Même pour une chambre unique, l’administration fiscale attend une déclaration annuelle. Sauter cette étape expose à un redressement.
Conséquences immédiates sur la gestion
Voici ce que cette évolution implique concrètement dans votre quotidien de bailleur :
- Tenue d’une comptabilité LMNP adaptée au régime choisi, qu’il s’agisse du micro-BIC ou du régime réel.
- Déclaration des revenus locatifs sur le formulaire 2042 C PRO, avec mention des charges déductibles et amortissements si besoin.
- Dépôt annuel du formulaire 1447-C-SD pour la CFE, même si une exonération s’applique en début d’activité.
Le SIRET simplifie l’identification des flux locatifs et fluidifie les échanges avec l’administration fiscale. Attention également à votre assurance PNO (propriétaire non occupant) : certains contrats exigent ce numéro pour garantir la validité de la couverture.
La gestion des travaux, des charges, voire de la TVA, dépend du statut LMNP et du régime fiscal retenu. Les bailleurs au régime réel doivent conserver chaque facture, du moindre devis au justificatif d’assurance. Les contrôles sont devenus plus nombreux et plus pointus, ce qui oblige à une rigueur de tous les instants. S’enregistrer à l’INPI, ce n’est pas un simple rituel administratif : c’est un engagement durable, un pacte avec la transparence et la responsabilité. À chaque bailleur de s’en saisir pour transformer une contrainte en levier d’efficacité.


